Les 7 questions à se poser avant de créer son entreprise
Pour ceux qui préfèrent les vidéos :
La création d’une entreprise peut être un parcours passionnant, mais il est essentiel de commencer avec des bases solides pour maximiser vos chances de succès. Cet article aborde quatre questions cruciales que tout futur entrepreneur devrait se poser avant de se lancer.
1. Pourquoi je veux créer une entreprise ?
La première question, et sans doute la plus importante, concerne votre motivation. La nature même de votre projet dépendra des raisons qui vous poussent à entreprendre.
Contrairement aux idées reçues, créer une entreprise ne nécessite pas toujours une idée révolutionnaire. En réalité, la majorité des entreprises qui réussissent aujourd’hui offrent des produits ou des services déjà existants sur le marché. Nombre de personnes avec des idées brillantes échouent, tandis que d’autres bâtissent des succès solides en répondant simplement à des besoins courants.
Définir VOS motivations personnelles
Toutes les activités ne conviennent pas à tout le monde. Voici quelques exemples concrets pour affiner vos choix :
- Artisans et consultants : Si vous souhaitez exercer votre métier en toute autonomie, sans avoir à gérer des employés, une structure légère (comme une micro-entreprise) peut vous convenir.
- Entrepreneurs multi-compétents : Si vous possédez un éventail de compétences et aimez la gestion d’équipe, un modèle d’entreprise avec des salariés ou des partenaires pourrait être plus adapté.
Quelques questions à se poser :
- Voulez-vous mieux gagner votre vie ou cherchez-vous surtout plus de liberté ?
- Préfériez-vous gérer une équipe ou travailler seul ?
- Quelles compétences souhaitez-vous utiliser au quotidien ?
- Votre entreprise doit-elle s’adapter rapidement ou se concentrer sur un produit/service précis ?
- Avez-vous une passion pour le domaine dans lequel vous souhaitez vous lancer ?
Mon expérience personnelle :
Pour ma part, j’ai choisi de créer une entreprise afin de pouvoir vivre en zone rurale tout en exerçant mes compétences en gestion et en informatique à distance. Mon objectif était de rester flexible et de m’adapter aux opportunités que je rencontrerais, plutôt que de m’enfermer dans une activité figée.
2. À quoi ressemblera mon entreprise ?
Une fois vos motivations définies, il est temps de visualiser l’entreprise que vous souhaitez bâtir. Projetez-vous dans cinq ans : quelle serait la version optimiste de votre entreprise ?
Exercice de projection à 5 ans :
Imaginez que tout se passe bien : vous trouvez des clients, votre activité se développe. Essayez de répondre à ces questions :
- Quelle sera la mission principale de votre entreprise ?
- Combien de collaborateurs aurez-vous ? Quel chiffre d’affaires visez-vous ?
- Quels services ou produits complémentaires pourriez-vous proposer à l’avenir ?
- Serez-vous seul ou associé à d’autres partenaires ?
Exemples concrets :
Imaginons trois maçons avec des objectifs différents :
- Le premier souhaite bâtir une PME du bâtiment, capable de gérer des projets de A à Z avec une vingtaine d’employés.
- Le second cherche à se spécialiser dans la restauration de monuments historiques, avec une petite équipe d’artisans passionnés.
- Le troisième veut lever le pied et préfère travailler seul sur de petits projets locaux pour ne travailler que 3 jours par semaine.
Ces trois profils nécessitent des stratégies et des modèles d’entreprise très différents, bien qu’ils exercent le même métier.
3. Quel sera le cœur d’activité de mon entreprise ?
Après avoir réfléchi à vos motivations et à votre vision à long terme, il est crucial de définir précisément le cœur d’activité de votre entreprise. En d’autres termes, quelle valeur principale apporterez-vous à vos clients ?
Identifier son activité principale
Pour répondre à cette question, concentrez-vous sur le problème que vous allez résoudre ou le besoin que vous allez combler. Votre cœur d’activité doit être clair, spécifique et orienté vers une clientèle cible.
Quelques questions à vous poser :
- Quelles sont les compétences ou ressources dont je dispose déjà ?
- Quels besoins ou problèmes identifiés pourraient être satisfaits par mon activité ?
- Y a-t-il un marché ou une demande pour mon idée ?
- Comment me différencier de mes concurrents sur ce marché ?
Exemple concret : Si vous êtes graphiste freelance, votre cœur d’activité pourrait être la création de visuels pour les réseaux sociaux, le design de sites web ou la conception d’identités visuelles pour des petites entreprises.
Rester concentré sur son cœur d’activité
Beaucoup d’entrepreneurs débutants commettent l’erreur de vouloir tout faire ou de se disperser. Pourtant, se concentrer sur une activité principale permet de devenir plus efficace et reconnu dans son domaine. Une fois cette activité bien établie, vous pourrez envisager de vous diversifier.
Mon expérience personnelle :
Lorsque j’ai démarré, j’ai choisi de me concentrer sur la gestion de projets digitaux. Cette spécialisation m’a permis de construire une expertise solide et de trouver rapidement mes premiers clients. Avec le temps, j’ai pu élargir mes services, mais toujours en lien avec mon cœur d’activité initial.
4. Est-ce que je vais accomplir mon projet seul ou avec des associés ?
Après avoir défini ce que vous voulez accomplir, il est temps de se demander si vous avez besoin d’un ou plusieurs associés. Cette question est souvent sous-estimée, mais elle est cruciale pour la réussite de votre entreprise.
Pourquoi réfléchir à s’associer ?
S’associer peut être un levier puissant pour faire croître votre entreprise. Cela peut vous apporter :
- Des compétences complémentaires : par exemple, s’associer avec un expert technique si vous n’avez pas ces compétences.
- Un soutien financier : chaque euro investi par un associé peut ouvrir la porte à des financements supplémentaires.
- Un mentor : un associé expérimenté peut vous aider à éviter des erreurs coûteuses en vous apportant des conseils précieux.
Ma stratégie personnelle : J’ai souvent travaillé en collaboration avec d’autres entrepreneurs, en apportant mes compétences techniques en échange d’un tarif préférentiel ou d’une participation minoritaire dans leur entreprise.
5. Quels moyens sont nécessaires pour créer mon entreprise ?
Vous avez défini votre cap et vous savez si vous serez seul ou accompagné. Il est maintenant temps de chiffrer votre projet. La question à se poser est simple : de quels moyens avez-vous besoin pour atteindre votre objectif ?
Évaluation des moyens nécessaires
En fonction de vos ambitions, il faudra évaluer :
- Les coûts humains : salariés, prestataires, consultants.
- Les coûts matériels : équipements, locaux, logiciels, etc.
- Les charges fixes et variables : un point crucial pour gérer votre trésorerie.
Exemple pratique :
Imaginons un maçon souhaitant démarrer son entreprise :
- Véhicule : 10 000 € pour un utilitaire d’occasion.
- Matériel de base : 5 000 € pour les outils.
- Fonds de roulement : 15 000 € pour anticiper les charges fixes (assurance, comptabilité, etc.).
- Salaires : 15 000 € pour un salarié (premiers mois).
Total estimé : 45 000 € de capital nécessaire pour démarrer.
Ces montants sont des estimations, mais ils permettent de visualiser le budget minimum pour concrétiser votre projet.
6. Quel sera mon modèle économique ?
Le modèle économique est le cœur de la viabilité de votre entreprise : comment allez-vous générer des revenus et couvrir vos coûts ? En d’autres termes, il s’agit de définir comment vous allez transformer votre activité en une source de bénéfices.
Comprendre les bases d’un modèle économique
Pour construire votre modèle économique, posez-vous les questions suivantes :
- Quelle est mon offre principale ? Quels produits ou services vais-je vendre ?
- Quel est mon public cible ? Qui sont mes clients, et quels sont leurs besoins ?
- Quelle sera ma source de revenus principale ? Vente directe, abonnements, prestation de service, publicité, etc.
- Quels seront mes coûts fixes et variables ? Combien me coûtera la production ou la prestation de mes services ?
Identifier un modèle économique réaliste
Un bon modèle économique est avant tout adapté à votre activité et à vos moyens. Il doit être à la fois simple à comprendre et réalisable dans vos conditions actuelles.
Exemples de modèles :
- Autoentrepreneur : générer des revenus par des prestations ponctuelles avec des charges minimales.
- Commerce physique : marger sur les produits en tenant compte des coûts de production, de transport, et de stockage.
- Plateforme numérique : attirer des utilisateurs gratuitement puis monétiser via des abonnements ou des publicités.
Les erreurs à éviter
- Sous-estimer ses coûts : incluez tous les frais (matériel, charges sociales, logiciels, déplacements) pour éviter les mauvaises surprises.
- Ne pas tester son prix : un prix trop bas peut être perçu comme un manque de qualité, tandis qu’un prix trop élevé risque d’éloigner votre clientèle.
- Se disperser : un modèle économique trop complexe ou basé sur trop de sources différentes peut être difficile à gérer au démarrage.
Mon expérience personnelle
Quand j’ai commencé, j’ai choisi un modèle économique simple : vendre des prestations de gestion de projets digitaux avec des tarifs clairs et définis à l’avance. Cela m’a permis de me concentrer sur mes premiers clients sans avoir à gérer une offre trop variée. Avec le temps, j’ai pu introduire des services complémentaires comme la formation ou le conseil, mais toujours en respectant mes capacités opérationnelles.
Quelques outils pour bâtir votre modèle économique
Pour structurer vos idées, vous pouvez utiliser des outils comme le Business Model Canvas. Ce tableau vous permet de visualiser :
- Vos clients
- Votre proposition de valeur
- Vos canaux de distribution
- Vos coûts et revenus
En conclusion
Votre modèle économique doit être flexible et évolutif. Au fur et à mesure que votre entreprise se développe, vous pourrez ajuster vos tarifs, diversifier vos offres, ou même changer de stratégie pour répondre aux besoins du marché. Cependant, commencez par une base claire et solide pour éviter de vous perdre en cours de route.
7. Lever les freins : l’entrepreneuriat s’apprend et le risque se gère
Pour ceux qui hésitent encore à franchir le pas, il est bon de savoir qu’il existe des solutions pratiques pour lever les freins. Voici quelques astuces pour aider à se lancer avec plus de confiance :
- Se faire accompagner : Les incubateurs, les réseaux d’entrepreneurs et les mentors sont des ressources précieuses qui aident à structurer un projet et à anticiper les difficultés. Ils peuvent vous guider dans les étapes cruciales et vous apporter des conseils concrets.
- Apprendre au fur et à mesure : Il est inutile de tout savoir avant de commencer. L’entrepreneuriat est un parcours d’apprentissage. De nombreux programmes de formation, souvent gratuits ou peu coûteux, sont disponibles pour développer les compétences en gestion, marketing ou finance.
- Utiliser des outils financiers : Vous pouvez minimiser le risque financier en diversifiant vos sources de financement : prêts d’honneur, subventions, financement participatif… Bien gérer votre budget et garder une vision claire de vos coûts et de vos marges vous aidera à mieux appréhender les risques.
Conclusion : lancer son entreprise sans l’idée parfaite, c’est possible
En somme, n’attendez pas l’idée révolutionnaire pour vous lancer dans l’entrepreneuriat. Commencez avec ce que vous avez : vos compétences, un marché existant ou une adaptation d’un concept éprouvé. N’oubliez pas que l’entrepreneuriat est un voyage où l’apprentissage, l’adaptation et la gestion sont aussi importants que l’idée de départ.
Les freins que vous rencontrez peuvent être rationnels ou non. L’objectif est de faire la part des choses et de lever les blocages qui ne sont que des peurs irrationnelles. Être bien préparé, bien entouré et savoir gérer les risques sont les éléments clés pour transformer même un projet sans idée « géniale » en entreprise durable et prospère.